Les actes antireligieux, le tabou est-il encore légitime ?

Fin février, les députés Isabelle Florennes (MoDem) et Ludovic Mendes (LREM), présentaient au Premier ministre leurs premières conclusions relatives à leur mission sur les « actes antireligieux en France »

Quels sont les chiffres clés ?

La France de 2021 c’est 1 659 actes antireligieux 

857 ACTES ANTI-CHRÉTIEN·NES

« 92 % des faits antichrétien·nes recensés concernent des atteintes aux biens, avec en particulier 752 atteintes aux lieux de culte et cimetières chrétiens. Ces chiffres sont bien sûr à mettre en regard des plus de 46000 lieux de culte chrétiens. Il n’en reste pas moins que l’on atteint le chiffre de deux atteintes à des lieux de culte et cimetières par jour »

589 ACTES ANTISÉMITES

« La communauté juive est particulièrement touchée par des atteintes visant les personnes, qui concernent 52 % des faits recensés, avec une part notable de violences physiques »

213 ACTES ANTIMUSULMAN·ES

« Les atteintes sont constituées principalement d’atteintes contre les biens, avec en particulier 107 atteintes contre les mosquées et centres culturels musulmans. 6 incendies criminels ont été relevés contre des mosquées. 22 % des faits sont des atteintes aux personnes »

« Les chiffres ci-dessus sont très certainement une sous-estimation. »

Quelles sont les causes et les auteurs ?

  • l’actualité internationale ⇒ importation des conflits en Israël et Palestine, Haut Karabakh, Myanmar, Sri Lanka etc.
  • l’actualité nationale ⇒ rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église sur les actes anticatholiques, ou encore un pic d’actes antimusulman·es fin 2020 à la suite de l’assassinat contre Samuel Paty
  • logiques territoriales ⇒ prises à partie des participant·es aux processions catholiques à Paris et à Nanterre en 2021. “les sœurs qui vivent dans certains quartiers depuis très longtemps sentent une radicalisation, qui va avec une forme d’inculture ». Ce phénomène touche violemment la communauté juive.

La persistance et l’intensification des actes antireligieux peuvent aussi être liées à l’augmentation générale de la violence dans la société.

Motivations islamistes, d’ultra-droite, d’ultra-gauche et satanistes, ainsi qu’une part importante de situations d’instabilité psychologique ou psychiatrique.

⇒ Le caractère islamiste de tout un nouveau courant d’antisémitisme, spécialement fort dans certains territoires

⇒ Les motivations d’ultra-droite et satanistes sont évidentes en particulier pour toute une série de profanations de cimetières.

Comment prévenir la haine antireligieuse ?
Comment engager la jeunesse ?

Enfin, les actes antireligieux doivent aussi être compris dans un contexte de plus en plus sécularisé, d’ignorance croissante du fait religieux voire d’inculture.

  1. La lutte contre les discriminations par l’éducation et la connaissance de l’autre ⇒ l’éducation civique au respect des expressions religieuses, qui rejoint la lutte contre les discriminations et contre toute forme de haine
  2. l’éducation au fait religieux qui reprend les éléments du Rapport Debray de 2002 sur l’enseignement du fait religieux dans l’École laïque

⇒ rompre l’ignorance du passé pour mieux se saisir du présent
⇒ combattre l’ignorance des croyances de l’autre contre « l’angoisse d’un démembrement communautaire des solidarités civiques »

« Le temps paraît maintenant venu du passage d’une laïcité d’incompétence (le religieux, par construction, ne nous regarde pas) à une laïcité d’intelligence (il est de notre devoir de le comprendre). »