Radicalisation, banalisation des extrêmes et harcèlement scolaire
Le 2 octobre dernier, un jeune homme de 19 ans était interpellé par la DGSI puis mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste et criminelle ». Il prévoyait un double attentat terroriste dans son ancien lycée et dans une mosquée pour le 22 avril 2022, soit 4 jours avant le premier tour des présidentielles mais surtout date d’anniversaire de son idole : Adolf Hitler. Plus tard, on apprenait que ce jeune homme avait également été en lien avec une jeune fille qui, de son côté, prévoyait un attentat dans son école mais également une église. Leur point commun : leurs idéologies extrémistes, leur obsession pour la violence. Comme quoi, d’où qu’elles viennent, les idéologies extrémistes se rejoignent dans leur logique et dans leurs modèles opératoires.
Cet attentat déjoué nous interpelle à plusieurs égards :
- Grand remplacement et théories racistes : comme de nombreux terroristes identitaires avant lui, ce jeune homme de 19 ans s’est nourri, non seulement des écrits d’Adolf Hitler, mais aussi de théories contemporaines racistes et islamophobes telles que celles dites du “Grand remplacement”, banalisées et diffusées largement sur des chaînes de télévision, ainsi que des magazines français.
- Radicalisation en ligne : dans ce cas on a affaire à deux jeunes isolés et ayant eu recours à internet et aux réseaux sociaux pour trouver les moyens de leur radicalisation identitaire, fondamentaliste et terroriste.
- Harcèlement scolaire et exclusion : Durant sa scolarité, ce jeune homme a été victime d’harcèlement scolaire. Ce n’est donc pas un hasard s’il cite le massacre de Columbine en exemple, puisque c’est la plus grande tuerie scolaire perpétrée aux Etats-Unis dans les années 90. Les auteurs de cet attentat étaient eux aussi d’anciens élèves harcelés et ayant développé une fascination pour les armes et la violence. Relever cet élément ne revient pas à déresponsabiliser le jeune homme mais à réfléchir à l’environnement qui a favorisé ce processus de passage à la violence. Processus qui doit être désamorcé en agissant sur l’environnement en question.
Ce que nous demandons :
- a responsabilisation des médias et personnes prises pour exemple et citées dans l’organisation de tels actes barbares et terroristes. Leurs paroles ne peuvent demeurer ignorées tant les effets sont dramatiques .
- Le refus de voir la France emprunter aux Etats-Unis des modèles médiatiques tels que Fox News, qui ne relèvent plus de l’information mais du divertissement ! Le profit généré par les grandes chaînes en continue ne peut avoir raison du pluralisme journalistique et du droit à l’information. Le CSA doit absolument agir en ce sens.
- Nous saluons le travail exemplaire de la DGSI qui a permis de déjouer un double attentat qui aurait pu coûter la vie à des milliers de français·es. Néanmoins, nous préconisons le renforcement des services de renseignement sur internet, notamment sur les réseaux où les jeunes sont le plus présents. La DGSI ne peut agir seule sur ce terrain, et aura besoin du soutien des acteurs et actrices de terrain en lien avec les jeunes les plus fragilisé·es.
- L’urgence absolue de traiter le harcèlement scolaire qui se poursuit bien souvent sur internet. Les lignes d’appel pour les victimes ne suffiront pas, il faut de réels moyens préventifs et curatifs.
⇒ L’éducation à l’empathie, la communication non violente, doivent être une priorité dès les classes de primaire. Dans le secondaire, le dialogue des mémoires doit impérativement devenir un prisme de lecture pour l’enseignement de l’Histoire, de même que l’enseignement laïque du fait religieux doit être un rempart pour lutter contre l’analphabétisme religieux.
⇒ Les cas de harcèlement doivent constituer un accompagnement systématique des victimes ainsi qu’un suivi durable des auteurs et autrices pour éviter toute récidive.